Recommandations SFNCM
Introduction
Les besoins nutritionnels correspondent à un équilibre entre les apports énergétiques et protéiques d’une part, et les dépenses d’autre part. Chez les patients atteints de cancer, les besoins protéino-énergétiques sont les suivants : (1,7)
En péri-opératoire | En oncologie médicale | |
Besoins protéino-énergétiques | 20 à 30 kcal/kg/j | 30 à 35 kcal/kg/j |
Besoins en protéines | 1,2 à 1,5 g/kg/j* |
*À partir de 1 g/kg/j dans les recommandations européennes. (7)
Chez les patients atteints de cancer, la perte de poids (PDP) par rapport au poids antérieur (poids habituel ou poids de forme ou poids le plus élevé dans les 6 mois) altère le pronostic. C’est pourquoi l’évaluation nutritionnelle fait partie intégrante de la prise en charge des patients. Ainsi, il est recommandé de peser le patient à chaque visite et de tracer dans le dossier médical l’évolution de la perte de poids. (3)
L’évaluation nutritionnelle
L’évaluation nutritionnelle repose sur le diagnostic de dénutrition et le risque de dénutrition. (3)
Selon le résultat de cette évaluation et le traitement oncologique programmé, une consultation spécialisée sera demandée. Dans tous les cas, des informations nutritionnelles adaptées à la pathologie du patient lui seront fournies. (3)
- Les critères de dénutrition en oncologie selon la SFNCM sont : (3,6-9)
Critères* | Dénutrition |
Pourcentage de perte de poids | ≥ 5% entre le poids actuel et le poids habituel (ou poids de forme) ou dans les 6 mois qui précèdent le diagnostic |
Indice de Masse Corporelle (IMC) | < 18,5 kg/m² |
Albuminémie** | < 30 g/L en cas de chirurgie, < 35 g/L en oncologie médicale |
* Pour les sujets âgés (≥ 70 ans) certains critères sont différents : Dénutrition : IMC <21 ou albumine <35 g/l.
** Interpréter le dosage de l’albuminémie en tenant compte de l’état inflammatoire du malade, évalué avec le dosage de la protéine C-réactive.
- Le risque de dénutrition est basé sur l’évaluation des apports nutritionnels oraux ou ingesta du patient, effectuée lors d’une consultation diététique et/ou à l’aide d’une échelle analogique visuelle ou verbale, EVA (le patient évalue sa prise alimentaire par rapport à sa prise alimentaire habituelle sur une échelle allant de 1 à 10). On parle de risque de dénutrition lorsque le score EVA est inférieur à 7 (ou inférieur à 2/3 des besoins) par rapport aux ingesta habituels du patient. (3)
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Prise en charge de la dénutrition chez les patients atteints de cancer
Un plan personnalisé de soins doit être proposé aux patients en fonction de leur traitement (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie…) et de leur situation (patient âgé, cancer du sein…) ainsi que de leur état nutritionnel et risque de dénutrition. (2,4,6)
Il repose sur divers supports nutritionnels : conseil diététique personnalisé (conseils d’alimentation enrichie, fractionnement…), compléments nutritionnels oraux (CNO) et nutrition artificielle (entérale et parentérale). (2,7)
Place des CNO dans la prise en charge de la dénutrition chez les patients atteints de cancer
Les CNO sont des Denrées Alimentaires Destinées à des Fins Médicales Spéciales (DADFMS) (5)
Objectif : (5)
Augmenter les apports énergétiques et/ou protéiques des patients lorsque les ingesta spontanés sont insuffisants pour couvrir les besoins journaliers et/ou en cas de dénutrition après échec de l’enrichissement de l’alimentation.
Les CNO en pratique (2)
- Intégrer les CNO dans la prise en charge globale du patient et les lui présenter comme un traitement « médicamenteux » de la dénutrition
- Associer la prescription de CNO à des conseils diététiques adaptés
- Adapter la prescription aux pathologies associées (en cas de diabète notamment) et aux éventuels handicaps des malades (ex : troubles de la déglutition)
- Tenir compte des préférences ou aversions des malades pour améliorer l’observance
- Varier les CNO par la texture (crèmes, liquides sucrés ou salés, biscuits, jus, potages…) et les arômes, afin d’éviter la lassitude à court ou moyen terme
Dans quel cas sont-ils recommandés ? (4)
Les CNO sont recommandés après échec d’une alimentation enrichie, associée à un conseil diététique chez le patient dénutri.
Les CNO sont d’autant plus efficaces s’ils sont utilisés précocement pour éviter l’apparition d’une dénutrition ou l’aggravation d’une dénutrition légère ou modérée à condition que les apports spontanés ne soient pas trop diminués. Dans ce cas, ils peuvent parfois éviter le recours à la nutrition artificielle. (5)
CNO : Compléments Nutritionnels Oraux ; ESPEN : European Society for Clinical Nutrition and Metabolism ; SNFEP : Société Francophone Nutrition Clinique et Métabolisme.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
Recommandations françaises :
- Senesse P, et al. Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : besoins nutritionnels, énergétiques et protéiques, au cours de la prise en charge du cancer chez l’adulte. Nutrition clinique et métabolisme 2012;26:189–196.
- Meuric J, et al. Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : quand doit-on proposer un conseil diététique personnalisé ? Nutrition clinique et métabolisme 2012;26: 197–218.
- Senesse P, et al. Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : quand et comment évaluer l’état nutritionnel d’un malade atteint de cancer ? Comment faire le diagnostic de dénutrition et le diagnostic de dénutrition sévère chez un malade atteint de cancer ? Quelles sont les situations les plus à risque de dénutrition ? Nutrition clinique et métabolisme 2012;26:165–188.
- Senesse P, et al. Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : proposition de Plans Personnalisés de Soins (PPS) intégrant les recommandations. Nutrition clinique et métabolisme. 2012;26:159-164.
- Bouteloup C, et al. Nutrition chez le patient adulte atteint de cancer : quand et comment prescrire des compléments nutritionnels oraux (CNO) hors pharmaconutrition ? Nutrition clinique et métabolisme. 2012;26:219-237.
- Bouteloup C, Thibault R. Arbre décisionnel du soin. Nutr Clin Métabolisme 2014;28(1):52-6.
Recommandations européennes :
- Arends J, et al. ESPEN Guidelines on nutrition in cancer patients. Clinical nutrition 2017;36:11-48.
Autres références :
- ANAES. Evaluation diagnostique de la dénutrition protéino-énergétique des adultes hospitalisés. Recommandations professionnelles. Septembre 2003.
- HAS. Stratégie de prise en charge en cas de dénutrition protéino-énergétique chez la personne âgée. Recommandations professionnelles. Avril 2007.